BADEN

Communiqué de presse

Par deux jugements du 5 novembre 2014, le tribunal administratif de Nantes a annulé les deux arrêtés du Préfet du Morbihan qui rendaient possible la construction d’une base nautique à Toulindac en Baden.

Le premier était un arrêté Loi sur l’eau autorisant la construction d’une cale sur la plage de Toulindac avec mise en place d’un distributeur de carburant sur la falaise (Lire le jugement) Le second était un arrêté autorisant la destruction de 200m de murets de pierres sèches abritant vipères péliades et lézards des murailles dans un vaste terrain accueillant également de nombreux oiseaux protégés (Lire le jugement).

Les trois magistrats du tribunal ont considéré que les travaux de cette base nautique étaient incompatibles avec le caractère d’espace remarquable du site de Toulindac et que la dérogation à la protection des espèces animales protégées ne pouvait être autorisée pour un tel projet.

Ainsi, à ce jour, cinq décisions de justice, y compris un arrêt du Conseil d’Etat, ont souligné que le site concerné était inadapté pour accueillir les aménagements et les activités importantes qu’implique un équipement sportif d’envergure ( base nautique de 1000 m² avec création de parkings à bateaux et voitures). Sa grande valeur environnementale justifie qu’il soit préservé et demeure un espace naturel. 

Les Amis des chemins de ronde se réjouissent très vivement de ces deux nouvelles décisions. La pérennité d’un site magnifique du golfe du Morbihan s’en trouve renforcée ( même si l’association s’inquiète d’un risque de dégradation progressive des lieux du fait d’aménagements certes plus légers, mais récurrents). Il aurait été affligeant que le golfe voie l’un de ses sites les plus prestigieux détruit au moment même où le territoire au sein duquel il s’inscrit est labellisé Parc naturel régional.

Les élus doivent être visionnaires et s’investir pour la préservation d’un environnement et d’un cadre de vie de grande qualité plutôt que de continuer à privilégier l’artificialisation sans fin des espaces naturels (y compris dans la bande des 100m en bord de mer) pour des projets plus ou moins légitimes que seuls le moyen ou le court terme peuvent justifier.

Le golfe est un espace fragile, arrivé à saturation. L’intensification des activités comme l’exploitation abusive de ses ressources constituent de graves menaces et sont incompatibles avec le respect dû aux générations futures.

Les Amis des chemins de ronde souhaitent par conséquent que d’autres solutions soient recherchées, tels que des aménagements du port de Larmor-Baden dont les vastes terre-pleins gagnés sur la mer méritent une plus noble fonction que celle de parking à voiture.

Pourquoi ne pas mutualiser également les moyens entre collectivités avec utilisation des équipements de l’école de voile de Penvins ou stages scolaires à l’école de voile nationale de Saint Pierre Quiberon ?

(8 novembre 2014)

Pourquoi les amis des chemins de ronde s’opposent-ils à la construction de la base nautique de Toulindac à Baden . 

Notre action sur ce dossier est ancienne, bien avant 2008.

En 2011, le commissaire-enquêteur a donné un avis défavorable de fait au dossier actuel, sous la forme de huit réserves expresses. On peut trouver ces conclusions sur le site de la commune de Baden.

Il existe d’abord un gros problème d’assainissement de l’avis même des services de l’État. Les deux stations d’épuration de Baden n’arrivent pas épurer convenablement les eaux usées d’un parc de maisons en

croissance continue.

D’autre part, pour apprendre la voile aux scolaires et aux enfants en général, il n’est pas besoin d’une énorme base nautique comprenant un bâtiment de mille mètres carrés sur trois étages ; avec une salle commune de près de 100 m² pouvant accueillir des manifestations même autres que nautiques (c’est explicitement formulé dans le projet) et une terrasse de 150m². Avec aussi un second bâtiment pour héberger les moniteurs, partiellement dans la bande des 100 mètres ; et des parkings à voitures, à remorques et à bateaux sur un hectare. Le bâtiment principal est prévu dans un pré en bord de falaise, c’est à dire dans la bande des 100m non urbanisée où toute construction est interdite. 

Il est prévu dans un « site inscrit » demeuré naturel donc, au regard de la loi littoral, dans un « espace remarquable » où seuls des aménagements légers peuvent être autorisés et non un bâtiment en dur de 1000m².

La nouvelle base nautique permettrait, grâce aux heures de voile scolaire, d’employer les moniteurs toute l’année et de les héberger. Ces objectifs, très louables, ne permettent pas d’enfreindre la loi littoral.

La loi littoral préserve le littoral pour les générations futures mais n’interdit pas l’apprentissage de la voile aux scolaires. Une solution doit être recherchée hors « espace remarquable » et bande des 100 mètres encore naturelle. 

Les surfaces urbanisées ont été multipliées par dix en quarante ans sur les bords du golfe du Morbihan. La loi littoral n’empêche donc pas le « développement ». 

La jolie petite plage de Toulindac actuellement accessible à tous

Le magnifique cône de vue que nous défendons.

L’  « espace remarquable » à Toulindac doit être respecté

Les Amis des chemins de ronde ne sont ni les ennemis des maires ni leurs amis. Ils sont un groupe de citoyens décidés à obtenir le libre accès à la mer sur un littoral breton encore partiellement rural et riche de paysages et de milieux naturels. Lorsqu’ils ont remis en 1994 le diplôme d’Ami des chemins de ronde au maire de Baden, c’était pour les sentiers côtiers qu’il avait ouverts cette année là mais ce n’était pas un blanc seing pour la politique d’urbanisation intensive qu’il a menée depuis lors. Les maires utilisent volontiers l’action des Amis des chemins de ronde pour faire progresser le sentier côtier mais n’admettent pas qu’ils contestent  leurs projets de construction. 
Pourtant dans les deux cas, l’association défend l’application de la Loi littoral comme prévu dans ses statuts.
 
La manifestation officielle  du 26 septembre, rassemblait, sans surprise, tous les élus  adversaires du Parc Naturel Régional. Plus surprenante était  la participation d’une inspectrice d’académie qui, par sa présence, enseignait aux enfants le peu de cas qu’on peut faire de l’application des lois et des décisions de justice. Plus surprenante encore l’instrumentalisation des enfants eux-mêmes par Vannes-Agglo au profit d’un projet immobiler.
 
Car la base nautique est un gros projet immobilier dont le coût était estimé, en 2011, à 3 500 000 euros. Le projet  porte sur deux bâtiments : un bâtiment neuf de 1000 m² , prévu pour 194 personnes, avec 13 WC, 6 douches, un foyer-bar de 85 m² prolongé par une terrasse de convivialité de 150 m², des bureaux sur 30 m², un ascenseur ; et un bâtiment ancien de 150 m² avec deux salles de formation et trois chambres à l’étage. Le tout, dans un parc de 1,30 ha, avec parking à voitures et à bateaux, réservés aux usagers payants de la base nautique grâce à un portail actionné par digicode.
 
Une solution pourra être trouvée ailleurs qu’en espace remarquable.

Ce projet bafoue la loi littoral

Il est prévu dans la bande des 100 m inconstructible sous prétexte de la nécessaire proximité de la mer. Mais un recul de 100 m est-il insurmontable alors qu’il est prévu de tirer les bateaux avec un tracteur ?

Il est projeté également dans un large « espace remarquable », identifié comme inconstructible par la cour administrative de Nantes en juin 2013. Les espaces remarquables ne se réduisent pas  à la pointe du Raz et la côte sauvage de Quiberon.

La typologie des « espaces remarquables » figure dans le code de l’urbanisme ; elle inclut les « sites inscrits » restés à l’état naturel. Pour son caractère exceptionnel, le golfe du Morbihan a été classé « site inscrit » en 1965. Depuis, le « site inscrit »

a connu bien des atteintes. Néanmoins on y trouve encore de nombreux « espaces remarquables ». C’est ainsi que l’urbanisation, prévue à Kernic en Baden a pu être arrêtée par les Amis des chemins de ronde en 2002.

Mais certains élus n’hésitent pas à récidiver .

Le sentier côtier du Morbihan, là où il chemine dans un écrin naturel, est une source d’émerveillement et fait le bonheur de tous ceux qui l’empruntent. 

Les Amis des chemins de ronde continueront à agir pour que les enfants connaissent encore longtemps ce bonheur-là. L’initiation des enfants à la voile : les Amis des chemins de ronde y sont très favorables. Mais pas au prix du saccage du trait de côte. 

Recours contre le PLU de Baden

Ouest France 5 juillet 2013